UN PEU D'HISTOIRE :
Depuis longtemps le lierre est une plante connue pour ses vertus vraies ou supposées.
Chez les égyptiens, elle est symbole d'immortalité et d'éternité du fait de sa longévité qui peut atteindre 400 ans.
Chez les grecs, du fait de la persistance de son feuillage, le lierre est l'emblème de la jeunesse éternelle.
Chez les romains, il était associé à Bacchus et la vigne car on prêtait au lierre des vertus de protection contre l'ivresse et les empoisonnements.
LA PREMIERE VIE DU LIERRE : UNE VIE RAMPANTE .....
Lors de cette première phase de son existence, le lierre est rampant au sol. Il s'ancre fortement dans le sol et progresse en rampant tant qu'il n'a pas trouvé de support vertical pour grimper.
Ses petites racines s'enfoncent dans le sol apportant à la liane l'eau et les sels minéraux dont elle a besoin.
En général cette vie se passe à l'ombre et les feuilles développées ont 5 lobes : les feuilles d'ombre.
Dans le sous bois où il grandit, les feuilles se tiennent horizontalement afin de capter un maximum de lumière.
En automne, les arbres perdent leurs feuilles permettant au soleil d'inonder le sous bois, la conséquence est de bloquer l'activité des feuilles du lierre. Le froid de l'hiver accentuent le blocage.
LA SECONDE VIE DU LIERRE : UNE VIE DE GRIMPEUR .....
Les feuilles du lierre sont persistantes et leur durée de vie est de trois ans, au delà elles se renouvellent.
Avant l'hiver, la feuille accumule dans son limbe des protéines et des pigments anthocyanes, augmente son taux de sucre ( 7 à 8 types ). Ces ingrédients jouent un rôle d'antigel qui permettent à la feuille de résister à une température de -12°C.
Au delà de -25°C, la feuille gèle, c'est pour cela que le lierre ne pousse pas dans les zones où les hivers sont très froids. Par contre les naturalistes observent une remontée du lierre en altitude et en latitude du fait du réchauffement climatique.
Avec le printemps, la pénombre revient dans les sous bois, les feuilles redeviennent actives et les lianes de lierre grandissent.
Lorsque les lianes rencontrent une surface verticale, la plante s'élève vers la lumière, les petites racines du lierre se transforment en crampons qui permettront l'ascension verticale de la liane.
Les crampons du lierre se développent sur le coté. Une observation microscopique montre qu'ils sont terminés par des petites verrues de colle.
Le "tronc" du lierre est riche en canaux qui apportent l'eau aux feuilles. Lorsque plusieurs tiges se rencontrent, elles créent des connections et former des "anastomoses".
Lors de cette seconde vie, la forme des feuilles se modifie, elles deviennent moins lobées à mesure que la plante s'élève.
LA TROISIEME VIE DU LIERRE : UNE VIE DE REPRODUCTEUR .....
Lorsque le lierre atteint presque le sommet d'un arbre par exemple, il commence sa troisième vie.
Cette troisième vie va lui permettre de produire des fleurs et des fruits.
Les feuilles vont encore évoluer et prendre une forme lancéolée : les feuilles de lumière.
Les fleurs du lierre sont disposées en ombelles groupées par 10 ou 20. Chaque fleur mesure quelque millimètres.
Ces fleurs sont très intéressantes du point de vue de la biodiversité car elles fleurissent en fin d'été en produisant beaucoup de pollen et de nectar. Elles permettent un elevage tardif des larves de certains insectes.
Elles sont visitées par énormément d'insectes : un photographe a compté plus de 130 espèces différentes en 4 heures d'affut.
Les fleurs se transforment en fruits qui vont murir pendant l'hiver et servir de première nourriture aux oiseaux.
Les fruits du lierre sont très riches en matières nutritives et appréciés au sortir de l'hiver par les oiseaux.
A mesure des années, les branches de lierre s'allongent en formant des touffes qui servent de refuges pour de nombreuses espèces animales :
- Chauves souris
- Oiseaux divers : Hulotte, Merles, Mésanges ....
- Le papillon citron y passe souvent l'hiver.
Au printemps, pas mal d'animaux choisissent d'y construire leurs nids : roitelets, merles, grives, fauvette à tête noire, écureuils, lérots, muscardins.
Le lierre, un ennemi des arbres ?
On peut parfois observer des lierres qui couvrent presque entièrement des arbres.
Souvent le lierre s'arrête à la moitié ou aux deux tiers des branches du fait de la pénombre générée par les arbres qui bloque plus ou moins la croissance de la liane.
Une expérimentation a eu lieu sur une exploitation forestière où on a comparé des arbres sans lierres et des arbres qui portaient des lierres. Lors de l'abattage des arbres, il n'a pas été observé de différence de qualité entre les différents arbres.
D'autres études montrent que les arbres porteurs de lierre sont en meilleure santé que les arbres sans lierre. L'explication vient peut-être du fait que le renouvellement constant des feuilles ( durée de vie de 3 ans ) forme un tapis humifère qui favorise la croissance et la bonne santé de l'arbre.
Le lierre, un ennemi des murs ?
Oui si le mur est déjà en mauvais état.
Pas forcement pour un mur en bonne santé.
L'association britannique qui est chargée de la protection des monuments historiques montre que le lierre est un excellent protecteur des vieux murs.
Il joue un rôle de protection contre les intempéries : pluie, neige, gel .... Il joue également un rôle dans la protection contre les écarts de température et les particules polluantes qui dégradent les mortiers.
Le lierre, un filtre à particules ?
L'air pollué véhicule des particules fines ( poussières < 2,5 Millième de mm ), particules qui finissent sur les murs ou dans nos poumons !
Les feuilles persistantes du lierre ont une surface large qui permet de capturer ces particules lorsqu'elles sont transportées par le vent, la neige ou la pluie ( 200 000 particules sur 1mm2 de feuille).
L'humidité fait coaguler les poussières sous forme de pâte qui retombe au sol avec la feuille morte.
Bibliographie :
- La nature la nuit, V Albouy et J chevalier, éditions Delachaux et Niestlé
- Guide des curieux de nature en ville, V Albouy, éditions Delachaux et Niestlé
- Guide des curieux de nature, V Albouy, éditions Delachaux et Niestlé
- L'almanach des fleurs sauvages, éditions Delachaux et Niestlé
- La Hulotte n° 106 et n° 107 Le lierre